Dans un monde professionnel en constante évolution, l’obsolescence des compétences est devenue un enjeu crucial pour les organisations et les individus. Ce phénomène, caractérisé par la dépréciation rapide des connaissances et savoir-faire, menace la compétitivité des entreprises et l’employabilité des travailleurs.

Une accélération sans précédent

L’obsolescence des compétences s’accélère à un rythme vertigineux. Selon l’OCDE, la durée de vie moyenne d’une compétence technique est passée de 30 ans en 1987 à seulement 2 ans aujourd’hui. Dans certains secteurs, comme le numérique, cette obsolescence est encore plus rapide. En 2024, les compétences techniques dans ce domaine peuvent devenir obsolètes en 12 à 18 mois, voire en à peine 3 mois pour les technologies les plus pointues. Retrouvez l’intervention d’Ismaelle Haddouzi lors du SIN Africa en Octobre 2023

Les facteurs d’obsolescence

Plusieurs facteurs contribuent à l’accélération de l’obsolescence des compétences :

  1. L’évolution technologique rapide: L’émergence continue de nouvelles technologies, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la blockchain et de l’automatisation, rend rapidement obsolètes les compétences liées aux technologies précédentes.

  2. La transformation des modèles économiques: La digitalisation de l’économie et l’émergence de nouveaux modèles d’affaires obligent les entreprises à repenser leurs organisations, leurs processus et, par conséquent, les compétences requises.

  3. Les changements réglementaires: L’évolution constante des cadres légaux et réglementaires, notamment dans des secteurs comme la santé, la finance ou l’environnement etc nécessite une mise à jour régulière des connaissances.

  4. La mondialisation: L’ouverture des marchés et la concurrence internationale accrue exigent des compétences toujours plus pointues et diversifiées.

Impact sur les organisations et les individus

Pour les entreprises, l’obsolescence des compétences peut entraîner une baisse de la productivité, une diminution de la capacité d’innovation et une perte de compétitivité. Selon une étude de Deloitte, 54% des entreprises signalent que l’obsolescence des compétences a un impact négatif sur leur performance.

Pour les individus, l’obsolescence des compétences menace directement l’employabilité. Les travailleurs dont les compétences deviennent obsolètes sont plus susceptibles de connaître des difficultés professionnelles, voire le chômage. Une étude du CEDEFOP révèle que 31% des travailleurs âgés de 50 à 55 ans sont touchés par l’obsolescence des compétences, contre 21% des 30-39 ans

Stratégies pour combattre l’obsolescence des compétences

Cartographie des compétences

La cartographie des compétences est une étape essentielle pour identifier les lacunes et anticiper les besoins futurs. Cette approche permet aux entreprises de développer une fine connaissance de leur organisation et de leurs collaborateurs, facilitant ainsi la planification stratégique. Selon une étude de McKinsey, les entreprises qui utilisent une cartographie détaillée des compétences sont 2,5 fois plus susceptibles de surperformer leurs concurrents.

Anticipation des besoins futurs

Anticiper les besoins en compétences est crucial dans un contexte où 85% des métiers de 2030 n’existent pas encore. Les entreprises doivent être capables de prédire l’évolution des métiers et des compétences requises pour rester compétitives. Cela implique une veille constante sur les tendances du marché, les avancées technologiques et les évolutions réglementaires.

McKinsey prévoit qu’entre 75 et 375 millions de travailleurs pourraient être amenés à changer de domaine d’ici 2030. Cette projection souligne l’importance cruciale de l’anticipation et de la reconversion professionnelle à grande échelle

Formation continue et développement des collaborateurs

La formation continue est devenue un impératif. Les entreprises doivent investir massivement dans le développement des compétences de leurs employés. Selon le World Economic Forum, 54% des employés avaient besoin d’une requalification ou d’une mise à niveau significative de leurs compétences en 2022. Cela implique non seulement des programmes de formation formels, mais aussi la promotion d’une culture d’apprentissage continu au sein de l’organisation.

Recrutement stratégique

Le recrutement joue un rôle clé dans la lutte contre l’obsolescence des compétences. Les entreprises doivent privilégier des profils polyvalents et dotés d’une forte capacité d’apprentissage. La diversification des compétences au sein des équipes permet également de créer un environnement propice à l’apprentissage mutuel et à l’innovation. Une étude de LinkedIn montre que les entreprises qui investissent dans le recrutement stratégique ont 30% plus de chances de surperformer leurs concurrents.

Casser les politiques de clonage: une approche innovante

Dans le contexte de l’obsolescence rapide des compétences, une approche innovante émerge : la rupture des politiques de clonage. Cette stratégie vise à rompre avec la tendance à recruter des profils identiques (même csp, même école, même parcours de vie, même ambition etc)  ou à former les employés de manière uniforme.

Diversification des profils

La rupture des politiques de clonage encourage les entreprises à diversifier intentionnellement les profils au sein de leurs équipes. Au lieu de rechercher des personnes qui « cochent les mêmes cases » que les collaborateurs en place,  cette approche privilégie la complémentarité, les compétences et les expériences. Une étude de BCG montre que les équipes diversifiées sont 45% plus susceptibles d’améliorer leur part de marché.

Promotion de la performance, la créativité et l’innovation

En brisant les schémas traditionnels de recrutement, de formation et de mobilité interne, les organisations favorisent l’émergence de nouvelles idées et approches. Cette diversité cognitive stimule la performance, la créativité et l’innovation, essentielles pour s’adapter rapidement aux changements du marché. Selon une étude de Harvard Business Review, les entreprises qui adoptent cette approche voient leur capacité d’innovation augmenter de 20%.

Développement des compétences transversales

La rupture des politiques de clonage met l’accent sur le développement de compétences transversales telles que l’adaptabilité, la pensée critique et la résolution de problèmes complexes. Ces compétences, moins sujettes à l’obsolescence rapide, permettent aux individus de s’adapter plus facilement aux évolutions de leur environnement professionnel. Le World Economic Forum identifie ces compétences comme essentielles pour 2025.

L’importance du management des compétences

La gestion des compétences est un élément essentiel pour les entreprises souhaitant rester compétitives. Cela implique de mettre en place des systèmes pour cartographier les compétences existantes, anticiper les besoins futurs, établir le gap et former les collaborateurs en conséquence. e-Peak People HR aide à automatiser ces processus et à offrir des parcours de carrière adaptés aux évolutions rapides du marché du travail. Selon une étude de Gartner, les entreprises qui utilisent des outils de gestion des compétences voient une augmentation de 24% de leur productivité. Ces plateformes permettent non seulement d’optimiser l’allocation des ressources humaines, mais aussi de créer des parcours de développement personnalisés pour chaque employé.

L’obsolescence des compétences représente un défi majeur pour les organisations et les individus dans le monde professionnel actuel. Face à ce phénomène, une approche proactive combinant cartographie des compétences, anticipation des besoins futurs, formation continue, recrutement stratégique et la rupture des politiques de clonage s’avère essentielle.

Les entreprises qui réussiront à naviguer dans ce paysage en constante évolution seront celles qui placeront le développement continu des compétences au cœur de leur stratégie. Pour les individus, l’adaptabilité et l’apprentissage tout au long de la vie deviennent des atouts indispensables pour maintenir leur employabilité dans un marché du travail en perpétuelle mutation.

Dans ce contexte, la collaboration entre les entreprises, les institutions éducatives et les pouvoirs publics sera cruciale pour créer un écosystème favorable à l’apprentissage continu et à l’adaptation aux compétences du futur. C’est en relevant collectivement ce défi que nous pourrons construire une économie résiliente et innovante, capable de s’adapter aux défis du 21e siècle.

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