Les apports de la psychologie au monde de l’entreprise sont nombreux. La psychologie des organisations, la psychologie du travail et même les thérapies comportementales et cognitives constituent de véritables enrichissements pour les entreprises et les managers.
Le terme de distorsion cognitive a été introduit par Aaron Beck, psychiatre, dans les années 1960. La notion de biais cognitif, qui en est un synonyme dont la définition est plus exhaustive, a quant à elle été proposée par les psychologues Amos Tversky et Daniel Kahneman qui ont souhaité enrichir les recherches de Beck dans les années 1970.
Les distorsions ou biais cognitifs désignent une erreur de traitement des informations provenant de l’environnement. Cela résulte de pensées automatiques prenant racine dans le cerveau reptilien, c’est-à-dire la partie primitive de notre système nerveux. De ce processus peuvent découler des émotions négatives voire une souffrance psychique importante qui peut aller, selon Beck, jusqu’au développement de troubles anxio-dépressifs.
Les biais cognitifs sont donc la conséquence directe de pensées limitantes qui faussent nos jugements du monde, des autres et de nous-mêmes et qui donc nous empêchent de réaliser notre plein potentiel . Ces pensées sont très difficiles à déconstruire, néanmoins, bien les connaître permet de mieux les identifier quand elles apparaissent et donc de les questionner afin de réduire leur impact sur notre vie au quotidien.
Il existe 250 biais cognitifs répertoriés à ce jour dans six catégories différentes :
– les biais sensori-moteurs ;
– les biais attentionnels ;
– les biais mnésiques ;
– les biais de raisonnement ;
– les biais liés à la personnalité (en lien avec les aspects culturels et linguistiques) ;
– les biais émotionnels (dus à l’affect et non à l’intellect).
Nous allons lister quelques exemples de biais cognitifs afin de mieux cerner leurs applications concrètes:
– L’illusion du savoir
S’appuyer sur des croyances et non des faits sans chercher à recueillir davantage d’informations ni à se remettre en question.
– L’abstraction sélective
Ne retenir qu’un détail sur un évènement ou une personne et donc le considérer à partir de ce seul élément.
– L’inférence arbitraire
Tirer des conclusions sur des personnes ou des évènements sans preuve tangible.
– Le raisonnement dichotomique
Réfléchir en tout ou rien, tout ce qui n’est pas totalement positif devient nécessairement négatif.
– Le raisonnement émotionnel
Considérer ses propres émotions et sentiments comme des preuves tangibles.
– L’étiquetage
Catégoriser des individus ou des évènements de façon définitive à partir d’une unique information.
– L’illusion de supériorité
Avoir l’impression de mieux agir qu’autrui, par exemple de mieux faire son travail que ses collègues, sans que cela ne soit attesté par des faits objectifs.
– L’immunité à l’erreur
Minimiser ou ignorer ses propres erreurs.
– Le biais de confirmation
Privilégier les informations et les faits qui confirment ses croyances et ses hypothèses préétablies tout en ignorant ce qui les contredirait.
Vous l’aurez compris, les biais cognitifs amènent souvent les individus à voir les choses en noir et à limiter le champ de leurs actions en prenant de mauvaises décisions. En effet, ils n’encouragent pas à développer ses capacités imaginatives ni à penser en dehors des cases, à se réinventer. Cela est encore plus parlant dans le monde de l’entreprise qui évolue sans cesse et face aux flux d’informations auxquels nous sommes exposés, la mauvaise décision peut être lourde de conséquences.
Attention, il n’est toutefois pas question de laisser de côté son intuition, qui peut parfois se révéler salvatrice. Il s’agit plutôt de développer un esprit critique sur ses propres réactions et de se questionner sur leurs origines afin de se recentrer sur les faits pour construire de nouveaux schémas de pensée et prendre des décisions éclairées pour ainsi s’ouvrir à de nouvelles opportunités